27/05/2013

(Petit) Point sur l'année passée, et sur les années à venir. - réflexions pour peupler le vide

J'ai le cœur brisé et l'âme terrassée (oui encore, pour ne pas changer, on est romantique ou on ne l'est pas). Me voilà au néant, calme et creux, j'expire : je m'accorde, avant le grand saut, une micro-pause, le maximum que l'on puisse s'offrir ici-bas sans sombrer dans la dissidence irréversible. Je ne pense plus, du moins, plus en mots, d'où mon manque d'inspiration verbale et l'absence de nouveautés sur ce blog. Je ne pense plus non plus en image, ni en concepts, d'où cette rupture avec l'école des "Beaux"-Arts de Mulhouse. Je ne pense plus entre quatre murs. Mais je pense penser encore, d'une toute autre manière. Je pense que je pense comme la plupart des gens pensent sur cette planète, de manière abstraite, sans ce besoin prétentieux de rendre chaque élan de mon esprit dicible et phénoménal. C'est reposant, c'est allégeant, et égoïste : je garde en moi cette énergie non-convertie grouillante de vie. Je cesse d'avorter sans cesse de chaque embryon que j'engendre. Je pense brut ! C'est criminel et fainéant ! Je n'y crois plus, vous ne m'aurez plus. Mon silence vient. Comme je vous l'ai déjà dit : je pars. Ma première destination, il se pourrait bien que ce soit Londres. C'est un petit pas pour l'humanité, mais un grand pas pour la femme. Femme. La fille disons - je ne me sens pas "Femme". C'est trop sérieux, "Femme". Mais je ne pense pas m'attarder à la capitale. C'est étrange car quand je parle de partir dans une grande ville, c'est sans problème que l'on accepte mon choix. Or, j'irais bien m'établir quelques mois au bord d'une mer grise, avec une plage de sable pâle et froid. Cela leur semble d'un coup beaucoup plus irrationnel que d'aller se perdre dans une capitale surpeuplée à l'atmosphère souillée. 

Je ne veux plus vous entendre. Je ne peux plus vous entendre. Je ne vous entends plus. J'aimerais vous entendre, à nouveau. J'aimerais rendre à vos voix et à vos corps leur chaleur initiale, l'amour que je leur portait qui s'est terni au fil du temps. Je reviendrais, avec rien à raconter, sinon le chant des mouettes au lever du jour, et un cœur tout neuf. Je rêve. Rien n'est perdu.

20/05/2013

     


       Nous arrivons à un terme. Une fin. Un début. Faux-frères et faux-contraires, la queue entre les dents. La fin. Le début. Un point fixe dans le temps.
     
       Aujourd'hui, je le sais, j'ai décidé de partir. Et combien de fois l'ai-je dit, ça, combien ? Un milliard de fois peut-être. Plus. Cela nous échappe si facilement, "Je pars.", notre esprit aime à le croire, "Je pars.", mais qui part ? Qui s'élance dans le torrent du monde, qui se jette sans crainte dans l’œil du cyclone, au cœur des choses, là où tout vit, là où tout palpite et frétille ? "Et où iras-tu ?" Me demande-t-on ? Où j'irai ? A cela je répond, comme l'aurait répondu Charles, N'importe où, hors du monde.



N’IMPORTE OÙ HORS DU MONDE.

Cette vie est un hôpital où chaque malade est possédé du désir de changer de lit. Celui-ci voudrait souffrir en face du poêle, et celui-là croit qu’il guérirait à côté de la fenêtre.
Il me semble que je serais toujours bien là où je ne suis pas, et cette question de déménagement en est une que je discute sans cesse avec mon âme.
« Dis-moi, mon âme, pauvre âme refroidie, que penserais-tu d’habiter Lisbonne ? Il doit y faire chaud, et tu t’y ragaillardirais comme un lézard. Cette ville est au bord de l’eau ; on dit qu’elle est bâtie en marbre, et que le peuple y a une telle haine du végétal, qu’il arrache tous les arbres. Voilà un paysage selon ton goût ; un paysage fait avec la lumière et le minéral, et le liquide pour les réfléchir ! »
Mon âme ne répond pas.
« Puisque tu aimes tant le repos, avec le spectacle du mouvement, veux-tu venir habiter la Hollande, cette terre béatifiante ? Peut-être te divertiras-tu dans cette contrée dont tu as souvent admiré l’image dans les musées. Que penserais-tu de Rotterdam, toi qui aimes les forêts de mâts, et les navires amarrés au pied des maisons ? »
Mon âme reste muette.
« Batavia te sourirait peut-être davantage ? Nous y trouverions d’ailleurs l’esprit de l’Europe marié à la beauté tropicale. »
Pas un mot. — Mon âme serait-elle morte ?
« En es-tu donc venue à ce point d’engourdissement que tu ne te plaises que dans ton mal ? S’il en est ainsi, fuyons vers les pays qui sont les analogies de la Mort. — Je tiens notre affaire, pauvre âme ! Nous ferons nos malles pour Tornéo. Allons plus loin encore, à l’extrême bout de la Baltique ; encore plus loin de la vie, si c’est possible ; installons-nous au pôle. Là le soleil ne frise qu’obliquement la terre, et les lentes alternatives de la lumière et de la nuit suppriment la variété et augmentent la monotonie, cette moitié du néant. Là, nous pourrons prendre de longs bains de ténèbres, cependant que, pour nous divertir, les aurores boréales nous enverront de temps en temps leurs gerbes roses, comme des reflets d’un feu d’artifice de l’Enfer ! »
Enfin, mon âme fait explosion, et sagement elle me crie : « N’importe où ! n’importe où ! pourvu que ce soit hors de ce monde ! »

Je reprends : donc je disais, je pars. Il le faut, il faut que je m'exile ailleurs. Pourquoi ? Simplement que mes aspirations sont mortes, mes rêves ont vieilli, sont devenus poussière, et le vide laissé doit être comblé à nouveau. Ici, il n'y a pour moi que fantômes et échecs. Ici, un champ de bataille dévasté. Ici, j'ai perdu une guerre. Ici, la boue étouffe chaque brin d'herbe nouveau, et aucune fleur ne poussera plus avant un temps. 
Je me rappelle de mon espoir, Mulhouse, j'avais foi, et j'avais dit : "Vous voyez, Mulhouse est comme... Un tas de fumier. Un tas de fumier sur lequel poussera une belle fleur." Il n'a poussé qu'un pissenlit puant, et me voilà déçue encore. Le coquelicot fragile a laissé place à ce chiendent jaunâtre que je suis devenue. Et, que fait-on avec ces mauvaises herbes qui infestent nos jardins ? Que fait-on ? On les arrache. A la racine, on les arrache, c'est la seule solution : il me faut me déraciner maintenant.

        Je ne veux plus parler. Je veux agir. J'ai parlé. Je me dois d'agir. Il le faut. J'ai peur, je suis terrifiée. J'ai très peur de l'inconnu. J'ai très peur comme sur le grand plongeoir. J'ai très peur parce que je me suis posée des questions. Il me faut quelqu'un pour me pousser. Alors je me pousserais. C'est l'avantage d'être plusieurs dans sa tête. Y en a toujours un pour pousser l'autre. 
J'ai mes raisons, j'ai réfléchi. Je me suis perdue je ne sais où, je m'en vais me retrouver. A l'est ou à l'ouest, au nord ou au sud. Il y a bien quelque part où je me retrouverai, je ne peux pas être bien loin. Et si je peux, au passage, rencontrer de belles personnes, aimer des hommes charmants, contempler quelques objets d'art typiques, ou je ne sais quoi de surprenant, alors tant mieux. J'ai tout à gagner, et je n'ai désormais rien à perdre.

08/05/2013



Au final, j'ai surement quelques choses à dire sur quelques choses (certains thèmes se rapprochent et se rejoignent, je le sais mais ça rallonge la liste)

Titre : Dérives adolescentes au XXIème siècle

 - Préface par San

  • De la mort
  • De la vie
  • De la réalité
  • De la vérité
  • De l'art
  • De l'amour
  • De l'être humain
  • De la guerre
  • De la folie
  • De la distraction
  • De l'existence
  • De la déception
  • De l'écorché
  • De l'autre
  • Des paradis artificiels
  • Du sexe
  • Des parents
  • Du devoir
  • Du peuple
  • De la politique
  • De l'esprit
  • De la transdisciplinarité
  • De Dionysos
  • De l'adolescence
  • De demain
  • Du travail
  • Du mensonge
  • De la beauté
  • De facebook
  • D'internet
  • De la technologie
  • De la danse
  • De l'apocalypse
  • De la bêtise
  • Du cosmos
  • De l'infini
  • De l'école
  • De notre héritage
  • De la dépression
  • De l'argent
  • De la révolution
  • Du sommeil
  • Des mots
  • Des pays
  • De la faim dans le monde
  • De la morale
  • De la guerre
  • De la passion
  • De l'éducation
  • De l'oubli
  • Du XXIème siècle
    - Que faire ?

     - Notice biographique de l'auteur

     - Dédicasses


Je ne l'aurais pas mieux dit.



Adieu !



L'automne, déjà ! - Mais pourquoi regretter un éternel soleil, si nous sommes engagés à la découverte de la clarté divine, - loin des gens qui meurent sur les saisons.
L'automne. Notre barque élevée dans les brumes immobiles tourne vers le port de la misère, la cité énorme au ciel taché de feu et de boue. Ah ! les haillons pourris, le pain trempé de pluie, l'ivresse, les mille amours qui m'ont crucifié ! Elle ne finira donc point cette goule reine de millions d'âmes et de corps morts et qui seront jugés ! Je me revois la peau rongée par la boue et la peste, des vers plein les cheveux et les aisselles et encore de plus gros vers dans le cœur  étendu parmi les inconnus sans âge, sans sentiment... J'aurais pu y mourir... L'affreuse évocation ! J'exècre la misère.
Et je redoute l'hiver parce que c'est la saison du confort !
- Quelquefois je vois au ciel des plages sans fin couvertes de blanches nations en joie. Un grand vaisseau d'or, au-dessus de moi, agite ses pavillons multicolores sous les brises du matin. J'ai créé toutes les fêtes, tous les triomphes, tous les drames. J'ai essayé d'inventer de nouvelles fleurs, de nouveaux astres, de nouvelles chairs, de nouvelles langues. J'ai cru acquérir des pouvoirs surnaturels. Eh bien ! je dois enterrer mon imagination et mes souvenirs ! Une belle gloire d'artiste et de conteur emportée !
Moi ! moi qui me suis dit mage ou ange, dispensé de toute morale, je suis rendu au sol, avec un devoir à chercher, et la réalité rugueuse à étreindre ! Paysan !
Suis-je trompé ? la charité serait-elle sœur de la mort, pour moi ?
Enfin, je demanderai pardon pour m'être nourri de mensonge. Et allons.
Mais pas une main amie ! et où puiser le secours ?



¯¯¯¯¯¯¯¯


Oui l'heure nouvelle est au moins très-sévère.
Car je puis dire que la victoire m'est acquise : les grincements de dents, les sifflements de feu, les soupirs empestés se modèrent. Tous les souvenirs immondes s'effacent. Mes derniers regrets détalent, - des jalousies pour les mendiants, les brigands, les amis de la mort, les arriérés de toutes sortes. - Damnés, si je me vengeais !
Il faut être absolument moderne.
Point de cantiques : tenir le pas gagné. Dure nuit ! le sang séché fume sur ma face, et je n'ai rien derrière moi, que cet horrible arbrisseau !... Le combat spirituel est aussi brutal que la bataille d'hommes ; mais la vision de la justice est le plaisir de Dieu seul.
Cependant c'est la veille. Recevons tous les influx de vigueur et de tendresse réelle. Et à l'aurore, armés d'une ardente patience, nous entrerons aux splendides villes.
Que parlais-je de main amie ! Un bel avantage, c'est que je puis rire des vieilles amours mensongères, et frapper de honte ces couples menteurs, - j'ai vu l'enfer des femmes là-bas ; - et il me sera loisible de posséder la vérité dans une âme et un corps.


AR

Entrons directement dans le vif du sujet, voulez-vous ? Je me sens aujourd’hui d’humeur directe, alors je vais essayer – je dis bien essayer car c’est là une de mes « mauvaises » habitudes – de ne pas alourdir cette pauvre feuille de mots pesants et ornementaux.
Adolescente ennuyée et déprimée dès le plus jeune âge, je suis effectivement  tombée dans le piège des films dramatiques pseudo-biographiques des grands noms de l’histoire de l’art et de la musique, servant à un public en manque de rêves, artistes incompris et poètes maudits à gogo. Ainsi, de Kurt Cobain, cet éternel enroué au moral rampant, à Jim Morrison, chaman romantique à la transe facile, d’Arthur Rimbaud, ce sale gosse libre et talentueux, à Alfred de Musset, ce connard tourmenté au cœur humide, je me suis entichée d’influences de cette espèce bien particulière d’artistes.
L’artiste a – trop – longtemps été pour moi un héros de son temps. Avant d’entrer en école d’art déjà, j’avais compris que cette image préconçue que l’on nous donnait de l’artiste était pour ainsi dire non-contractuelle, mais je le refusais, comme l’enfant n’accepte pas immédiatement le fait que le Père Noël n’existe pas, je m’explique : il trouve un bonnet rouge et une barbe postiche dans l’armoire qu’il n’aurait jamais dû explorer, et la repose à sa place sans mot dire, tant la déception est grande et douloureuse. C’est un rêve qui s’effondre, il comprend que ses parents ne sont pas des héros. Ils lui ont menti. Et comme l’enfant, je me sens dupée, car voilà : l’artiste n’est pas un héros. Aïe, mon cœur.
Arrivée en école d’art, enfin, on m’a mise face à cette réalité que je n’avais pas voulu voir : mes idéaux avaient dépassé – et de loin – leur date de péremption. J’avais bien cinquante ans de retard quant à mes attentes vis-à-vis de l’art. Après un tel séisme, il serait trop long de retracer ici le chemin, ou plutôt les allées-retours multiples et aliénantes, parcourues cette année.
C’est seulement aujourd’hui que s’achève pour moi une longue période de remise en question constante faite, je dirais bien « de hauts et de bas », mais voilà bien cinq mois que je suis embourbée dans le « bas ». Malheureusement, en école d’art et dans la société en général, on n’a pas le temps de se languir si longtemps. Pourtant dans mon cas, cela fut nécessaire, car je saisis désormais mieux mes attentes quant à l’art : je sais un peu mieux ce que je vais faire, mais surtout je sais ce que je ne veux pas faire.        

Mes premiers mois se sont pourtant passés parfaitement. « Ma vie était un festin où s’ouvraient tous les cœurs, où tous les vins coulaient. » Puis bon, vous connaissez la suite, j’ai assis la beauté sur mes genoux, je l’ai trouvée amer, je l’ai injurié, je me suis armée contre la justice, et maintenant, je m’enfuis ! En toute connaissance de cause. Je me suis bien amusée cette année. Je suis tombée amoureuse. J’ai commis toutes sortes de crimes capillaires. J’ai vaincu complexes de supériorité et d’infériorité. J’ai pris des drogues, et de toutes sortes, qui m’ont « illuminée » et ravagée. J’ai fait des choses « qui ne se font pas » et que je ne citerais pas ici (ce serait avouer mes méfaits trop facilement et ça ne serait sûrement pas pris pour ce que ce fut). J’ai été à des concerts alternatifs, bu de la bière, et dansé sauvagement, sur des musiques inécoutables. J’ai refait le monde des centaines de fois autour de la table de la cuisine. J’ai été aux vernissages, une coupe de vin à la main, j’ai été parler aux gens, un grand sourire aux lèvres, je me suis faite remarquer, en bien et en mal, j’ai montré à tout le monde que j’étais là, et je dois dire que cela m’a beaucoup amusé et intéressé. Mais je ne me vois pas faire ça pendant cinq ans, ou même toute ma vie, mon dieu, non !
Car n’est-ce pas cela un artiste aujourd’hui ? On m’a dit « l’artiste est un auto-entrepreneur, un businessman, un promoteur de lui-même, un défenseur de sa propre cause, c’est un beau parleur, un Dom Juan, il sait se faire aimer de par son discours, il est un politicien, un homme – ou une femme – sérieux, et travailleur, un réel intellectuel. » Toute sa richesse est dans sa boîte crânienne, ses mains ne sont qu’accessoires, et ses yeux semblent clos. Il ne se bat plus pour libérer l’art de son joug, puisqu’il n’y a plus de barreaux à sa cage.  Il est désormais libre (merci Marcel). Et comme désormais, tout est acceptable et accepté, sous réserve d’un bon bla-bla baveux, alors que faire ? Mon ressenti, mon impression, naïve si vous voulez, est la suivante : deux artistes discutent. Tandis que l’un tient un discours sur son travail traitant de la néguentropie constructiviste divergente extatique, l’autre hoche la tête mollement mais sûrement, décorant la tirade de son congénère par quelques « intéressants » et autres onomatopées ornementales.  Or, ce n’est pas comme si je n’y comprenais rien. Si je veux, je rentre, j’entends ces artistes, je comprends ce qu’ils se racontent entre artiste. Mais faites un pas en arrière, et vous aurez un aperçu de ce cette vision délirante que je ne peux ignorer désormais : vous avez devant vous, une scène digne de la plus absurde des plus absurdes pièces de Beckett.

Savez-vous ce qu’est un RPG, ou Role-Playing Game ?
Je cite une définition simple piochée sur le net : « Un RPG est un jeu de rôle dans lequel le joueur incarne un personnage qu’il fera évoluer au cours du temps. Les RPG sont basés sur un système de points et de niveaux d’expérience. En augmentant son expérience (en combattant, effectuant des quêtes), le personnage pourra monter de niveau et devenir plus fort. »
Certaines sous-espèces bien particulières de geeks sont très friandes de ce genre de jeux, et en arrivent parfois à substituer au monde réel le monde virtuel, duquel ils sont rejetés cruellement. Ils ont, sur la toile, leur cercle d’amis aussi dissidents qu’eux dans la « réalité main Stream », mais peu importe, puisqu’ils ont leur propre réalité alternative, ou parallèle. Dans leur RPG favori, ils sont preux chevaliers, dragons célestes ou puissants paladins. Ils sont connus et reconnus pour ce qu’ils sont dans le jeu, et non pas pour ce qu’ils sont dans la « vraie vie » (petit myope boutonneux pour le cliché). On rit beaucoup de ces jeunes et moins jeunes qui passent la plupart de leur temps devant un écran d’ordinateur. Or, en lisant ces définitions, je trouve qu’on pourrait parler d’une école d’art. Car il est certain que les artistes sont « dans leur monde ». Ils sont quelqu’un au sein de ce milieu alternatif, complètement hors du monde. Car si autrefois, l’art émouvait le peuple de par les prouesses techniques atteintes par l’homme, aujourd’hui, il semble factuel que le seul qui se sente un tant soit peu concerné par l’art n’est autre que l’artiste lui-même. Pour moi, et cela n’engage que moi, c’est ici que l’art perd tout son sens. Mon père, pourtant plutôt cultivé, pas érudit, mais dans la moyenne », n’a jamais entendu parler de Marcel Duchamp, ne trouve aucun intérêt à « Carré Blanc Sur Fond Blanc, et Kandinsky, avec ses peintures censé faire vibrer l’âme humaine, le laisse parfaitement de glace. Certes, il n’a pas le bagage intellectuel nécessaire à l’assimilation de la complexité moderne. Mais qui l’a, à part nous, artistes ? Personne.
Nous nous retrouvons donc entre nous, et que faisons-nous ? Nous « échangeons » idées et concepts, inlassablement, nous partageons nos points de vue,  car nous seuls nous comprenons : nous sommes des artistes. Nous nous distrayons, nous incarnons nos idéaux, des personnalités multiples, nous jouons à ce grand jeu d’échec, nous avançons nos pions afin d’avancer dans ce milieu restreint et cruel parfois. En ce sens, je trouve la situation de l’artiste similaire à celle du geek à cela près : le geek n’a aucune fierté à être geek, il l’est, tout simplement. L’artiste a davantage tendance à se considérer supérieur à ses congénères « lambda » - terme très à la mode ces temps-ci. Certes, il possède une culture certaine, il a une réflexion sur tout ce qui l’entoure, est sensible à certaines choses qu’un gens du peuple ne pourra percevoir, mais de par sa marginalité – la marge, sur une feuille d’écolier, étant sur le côté, ni au-dessus ni en dessous – il n’est en réalité ni supérieur ni inferieur.

            Ce n’est pas un jugement que j’émets ici, simplement mon observation. Je n’ai au final rien contre les artistes, ni contre les geeks. Je me rends simplement compte que je ne pourrais passer ma vie à jouer ce petit jeu, vraiment, rien que l’idée d’un huis clos du monde artistique me rend toute angoissée.
Peut-être que je parle ici, sans le vouloir, plus de mon ressenti de l’école d’art que de l’art lui-même, mais il me semble que cela revient plus ou moins au même, puisqu’un artiste sort aujourd’hui forcément d’une école d’art. Est-ce qu’un artiste est quelqu’un qui a son Diplôme National Supérieur d’Expression Plastique en poche ? En tout cas c’est ce qu’on a l’air de me dire ici.
La dernière fois, je me suis pointée à un vernissage de notre Kunsthalle locale. L’exposition « Sous nos yeux » fraîchement installée ne m’a pas déplue : j’avais « sous mes yeux » une ribambelle d’œuvres, pardon, de « pièces », toutes pour le moins pertinentes et authentiques. Avec un minimum d’empathie, j’étais capable d’apprécier chacune des pièces, cela parce que j’étais de bonne humeur, et que j’avais décidé de prendre un peu de temps pour essayer de « rentrer dedans ». Mais je dois dire que rien de ce qui se trouvait là ne m’a profondément transcendé, impressionné. Rien ne m’a touchée. Et c’est là, à mon sens, LE critère qui fait qu’une  « pièce » deviendra « œuvre ». Ce que j’attends d’un artiste, c’est qu’il vienne me chercher, qu’à la première vue de sa pièce, quelque chose se passe en moi, se casse en moi, ou naisse en moi, peu importe, n’importe quoi en moi. Est-ce fainéant de ma part ? Sûrement. Mais grande romantique que je suis, je crois aux coups de foudre, et je n’ai jamais su aimer, ni quelque chose, ni quelqu’un, petit à petit, ou progressivement. Ça doit être le choc, le crush, la révélation ultime, un truc qui te saute à la gorge, bref, du lourd. L’un des exemples que je trouve à citer ici se trouve être une gigantesque toile de Gustave Doré exposée au Musée d’art moderne de Strasbourg. Une scène christique. Que faire devant un tel monument sinon s’incliner, poser le genou à terre, et prier pourquoi pas. Je pense aussi à « Piège pour un voyeur » de Michel Journiac, performance/living sculpture/installation qui aura provoqué le scandale et traumatisé plus d’un bobo parisien. Beuys expliquant un tableau à un lièvre mort a également une place chère dans mon cœur. L’art que j’apprécie est celui qui force la réaction. Celui qui vient piquer le spectateur à un point sensible, celui qui vient le chatouiller au creux du dos, là où il ne peut se gratter seul. Mais vu qu’aujourd’hui, nous l’avons dit plus haut, l’art est libre, plus rien ne choque réellement. Enfin, peut-être que si.
A ce vernissage, l’artiste avec un grand A, le plus renommé de l’exposition, a pris la parole. Son discours m’ennuya plutôt, mais je dois reconnaître que j’ai été choquée par une de ses phrases, retranscrite approximativement ici : « Nous pouvons dire que l’enjeu principal de notre siècle, notre grand problème contemporain est celui du langage. ». Ce n’est pas par le fond que j’ai été choqué, hormis le fait que le langage esthétique a toujours été l’un des enjeux de l’art, je crois, et que le langage verbal est effectivement un « problème » au sens premier, à mon sens. Non, mis à part cela, ce qui m’a entre nous soit dit exécrée, c’est  l’affligeante mollesse, l’absence de passion, la non-résonnance de l’élucubration ci-dessus. Voilà donc notre grande quête, et voilà le ton de notre temps. Alors je m’ennuie déjà du siècle à venir. Alors l’enjeu principal de l’époque m’emmerde au plus haut point, ne me concerne pas.
Soit alors, je m’entête et me débats dans cette cage aux fauves, en espérant qu’au final, peut-être, si je me débrouille bien, éventuellement, un jour, j’arrive, directement ou indirectement, à ébranler un tant soit peu le monument académique conventionnel un peu tiède et agaçant du monde de l’art contemporain, ou soit, je jette à la poubelle mes vœux et aspirations les plus nobles pour un monde meilleur et pour un art juste et fort et je trace ma route, loin de tout ça, dans un petit village de Sibérie peut-être. A méditer.










04/05/2013

03/05/2013




























 Si tout n'est que vanité, alors soyons vaniteux.
 Battons nous contre les moulins à vent, et
 chantons nos hymnes magnifiques.

02/05/2013

Les grandes déceptions



Connaissez-vous, lecteurs, les petites déceptions ? Elles sont revenues il y a peu faire couler mes larmes, de telles déception sont d'ordinaire vécues par les enfants. Les adultes prennent ça pour des caprices, comme toujours, du "cinéma", ignorant la détresse profonde provoquée par cette petite déception : c'est une belle glace italienne au chocolat qui tombe, un doudou que l'on a depuis le berceau égaré, une maman qui, alors que vous tirez doucement sur son pull pour lui signaler votre présence, vous fait signe de vous taire avec un regard qui gronde, et continue sa conversation avec son amie, en vous caressant la tête comme on caresse un chien.
J'étais fatiguée, j'avais froid et faim, les nerfs usé par un trop plein d'errance, les idées noires revenues à a surface de la pataugeoire de mon esprit pesaient sur mes yeux humides. J'étais là, dans cet appartement à l'odeur rance de jus de poubelle. Cent mètres carrées de vide spleenétique pour une seule âme en peine, un vide lourd et chargé d'un silence assourdissant.   Alors j'appelai mon père. D'une petite voix, au téléphone "Tu peux venir me chercher ?". Il ne veux pas. Il est trop tard. Je dis que je comprends, c'est compréhensible, il est dix heures du soir passé. "C'est pas grave, salut." Je raccroche brusquement. C'est le vase qui fait déborder les gouttes d'eau. J'ai le cœur brisé. Je reste assise là, à fumer clope sur clope, une demi heure disons, puis je regarde un film. Un film qui endort l'âme et la plonge dans un rêve d'aventures et d'idéaux le temps d'une nuit.
Je rentrai donc un dimanche soir chez mes parents. J'avais passé un week-end infernal. Rien que pour deux heures, il me fallait les voir, il me fallait leur présence stable et reposante, il me fallait un amour inconditionnel, il me fallait un sourire, de la chaleur humaine. Je n'ai plus assez d'amour propre pour me préparer à moi même un repas de l'ordre du mangeable, et les snacks prêts à emporter d'environ 2,50€ que l'on peut trouver au coin de la rue - sandwiches triangles, döner kebab, hamburger américain sauce samouraï  - me font vomir rien qu'à leur évocation. Il me fallait un vrai repas. Je rentrai donc un dimanche soir chez mes parents, et ils étaient là, chacun sur leur ordinateur. Ma mère faisait la gueule, jouant à un jeu en ligne. Mon père repassait. Ma sœur écoutait de la musique avec des écouteurs. Le feu était éteint. "Ce soir c'est chacun pour soi." J'ouvris le frigo. Deux bouts de fromage se battaient en duel. Il n'y avait plus qu'un croûton de pain rassi. Je montai prendre une douche chaude, une douche réconfortante. Je me déshabillai, jetai un regard noir au monstre du miroir, et entrai dans la douche. J'allumai le jet. Cascade d'eau froide sur ma tête. Je sautai sur une serviette. Elle était encore humide. La gorge nouée, je me rhabillai, les muscles contractés et le cœur gros. Encore une petite déception.
Ce n'est rien, me direz vous, ce ne sont que des détails, des poussières dans notre vie. Alors pourquoi, comme une enfant en bas âge, ces petites déceptions me blessent-elles à ce point, elles sont des drames dans ma vie, les plus poignants instants de mon existence, j'ai à nouveau six ans, et j'ai peur de l'abandon.




01/05/2013

Sans détour, je me complais, j'ai faim.

Autoportrait aux brosses à dents. 



Quelle horreur. Je vois ce monde qui s'impose à moi comme un mur de béton sur lequel je me rue sauvagement. Je peux, je le veux, passer au travers et continuer ma route par delà la limite infranchissable. J'ai une paire de couille énorme et une carapace d'acier sur mon mental sensible. Vous avez détruit mon armure et fendu mon heaume. Vous avez brisé mon épée et j'ai courbé l'échine, me suis écorché le genou à terre. Vous êtes là sur le point de m'abattre, hé bien faites. Car je reviendrais, la tête haute, sans peur et sans reproches. Je reviendrais et je vous bénirais pour tout le mal que vous m'avez fait, car il aura contribué à ma force. Merci à vous, je vous haime encore et toujours.




Il me faut avancer, maintenant. Il me faut rompre le fil gluant
De l'araignée dégueulasse et possessive.
Il faut que je me dégage de l'humus des cadavres,
Et de l'haleine putride de mes fantômes criards.
Il me faut traverser cette pataugeoire,                              
"T'es plutôt du genre "Baroque", m'a-t-on dit. Chelou
Sans fond ni forme, vers l'horizon.
Il me faut courir après le soleil,
Retarder l'heure du crépuscule.
Il me faut apprendre, à écrire, à chanter,
A peindre et à aimer, à souffrir dignement.
Il me faut obéir. Il me faut OBÉIR, oui,
A mon cœur riche et à mes envies pauvres.
Il faut que je naisse, pour l'énième fois,
Une fois encore, je sens une mort
Il faut que je meurs, oui, sans pleurs et sans bruit.
Il me faut survivre quand viendra la nuit.


J'ai réalisé à nouveau, car j'avais déjà réalisé cela avant même d'avoir réalisé bien d'autres choses, qu'il me fallait avancer afin de me réaliser enfin.

MAIS BOUGE TOI LE CUL



18 ans : Chapitre II


j'abandonne (pour ce soir)




Il fallait que je vous raconte ...

                   Chère San,

         Il faut que je te raconte, ce que nous avons vécu sans toi, car ce fut réellement regrettable que tu ne sois pas des nôtres hier soir, et c'est là un moyen de partager après coup, le fantôme du moment passé, afin que tu y prennes part d'une certaine manière.
          Comme tu le sais, Marine est sur Mulhouse en ce moment. Lundi soir, elle vint à l'appartement, pour nous voir, et partager un moment ensemble, autour d'une petite bouteille. Ce soir là, je travaillais (j'assurais la garde hebdomadaire des petits monstres que tu as déjà rencontré), et je rentrai un peu tard, fatiguée, mais déterminée à me mettre une "race" comme on dit du côté de Mulhouse - Capitale du crime, c'est bien connu. J'achetai donc une bouteille de Muscador (à l'ancienne), et une autre de Leffe Ruby, bière aromatisée aux fruits rouges, dans l'espoir que Charline puisse y goûter, elle qui a horreur de ce breuvage d'ordinaire. J'arrivai à la maison. Dans la cuisine, Eric, Marine et Charline, bla-blatant école et stress, copains et amour, Eric muet mais pas sourd, un peu de bière encore sous la langue. Sur la table, une bouteille de vin, encore, il n'y en a jamais trop.
           Je m'assis donc en leur compagnie. Nous discutons. Comme ça. Charline n'a pas vraiment le moral. Elle essaye mais ne peut nous feindre : nous savons bien reconnaître son engouement factice. Nous commençons à boire, j'annonce que ce soir, je me mets "bien". Nous continuons d'aménager le silence le cul écrasé sous notre corps mou. J'y songe, je propose : "Si nous allions à l'Ile ?" Silence. Nous nous regardons. Partagées entre la tentation et la non-motivation aiguë. Oui. Peut-être. Pourquoi pas. Hoho. Mais nous conservons notre conversation tranquille. Le temps passe, l'ambiance porte une mélancolie palpable. "Bon, on va à L'Ile. On y va. Vraiment. Maintenant." Les autres avaient surement ressenti en elles le même agacement dont je fus prise. La parole toujours, l'action jamais. Il était temps de vivre, Marine présente, une expérience avec elle, pour ne pas simplement devenir au fil du temps, des "vieilles amies" loin des yeux et loin de cœur.
            Mais avant, il nous fallait nous échauffer : je branche la musique (celle ci-dessous convenait parfaitement), quelques spots de lumière pseudo-psyché rotatives aux couleurs primaires, nous ouvrons le muscador et ce fut parti. Le volume au maximum, les enceintes qui craquent, nous commençons alors à nous démembrer sur les cris de Rebeka Warrior. Deux chansons plus tard, dans la rage et la fureur qui nous emportait, nous jetions au loin pulls XXL, T-shirt mouillés , soutien-gorges qui grattent, et nous voilà ondulantes et transpirantes dans l'obscurité enivrante. Eric reste dans la cuisine : il ne sait pas où se mettre. Pudique enfant frustré, il passe en se cachant les yeux avec une main tendue. Nous nous étalons de la peinture sur les seins, des peintures de guerre, car c'est à la bataille que nous allons ce soir. Nous rions, nous dansons, nous crions, nous rions... J'ai du Muscador dans la bouche. Marine face à moi. J'expulse le liquide en une fine pluie sur son visage : la voilà baptisée. Elle me rend la pareille. J'accepte. Pour Charline, nous décidons de nous unir : nous l'attendons à la porte, et dès lors qu'elle la franchit : pffffrrsht ! Elle râla. Nous dansions, dansions, dansions, nous glissions dans le muscador, glissions parfois, je tombai et Marine me tombai dessus et Charline nous tombai dessus. En dessous de ma tête, un objet très pointu que j'évitai de justesse - le pied de bronze d'un miroir brisé, j'en tâtai la pointe, sous le choc, mais pas trop : je me relevai et me remise à danser follement. - ce soir, peut-être Dieu m'aimait-il ? Eric avait fermé la porte de sa chambre à clé : celui qui s’adonne quotidiennement au sacre de l'empirisme fondamental aurait-il peur de nous, les sorcières déchaînées. Il va de soi pourtant que l'atmosphère était plus libertaire que lubrique vraiment, et qu'il ne courait aucun danger, sinon d'en prendre plein les yeux, lui, invité de ce moment unique. Nous voulions lui faire partager notre feu, lui qui n'avait de ses yeux jamais vu l'Ile dans ses plus beaux-jours. Mais il persistait dans son refus gêné. Tant pis. Je fermai l'ordi, attrapai le vin, le fond d'absinthe, mes clés, et nous voilà parties pour un autre monde, encore inconnu cela : nous n'avions jamais connu l'Ile de nuit. Nous arrivâmes : il avait plus et la pente était extrêmement glissante. Le pont cassé était presque immergé, nous n'avions qu'une petite parcelle pour prendre place, mais nous étions d'autant plus proche de l'eau. Le boucan de la cascade nous enivrais déjà. Savourant quelque peu l'instant, nous fumions et buvions l'absinthe, et j'eus une pensée à ces poètes du passé fou de la fée et de ses ravages. Nous pensions à toi, San, nous pensions que nous te voulions à nos côtés, que tu aurais du vivre cela, fumer cette clope avec nous, alors, à toi, nous levâmes la cigarette, et nous la jetions à l'Ile : elle te l'apportera bientôt. Je jetai mon poisson pendentif : lui aussi t'arrivera peut-être. J'enlevai mon pantalon : ce soir était le soir où nous nous baignerons. Je plongeai les deux pieds, et les ressortis aussitôt : température, dix degrés, ressentie moins vingt. Je plongeai alors mon visage entier et mes cheveux dans l'Ile. Baptême, encore. Et nous voilà seins nus encore, baigneuses hurlantes et saoules, ma langue dans sa bouche et ses mains sur sa nuque, sur mon ventre sur la pierre. Amalgame charnel amoureux et platonique, douloureux dans la nuit fraîche, la bouteille de vin achevée déjà. Et puis cet opinel nous tomba sous la main : bonheur/malheur à nous ! Tu imagines la suite. Nous rentrions les bras sanglants, encore une fois. Peut-être San, as-tu ressenti notre amour envers toi, car crois moi, tu étais là d'une certaine manière.
               Donc nous rentrions (au passage je vomis devant le Quai, en tant que performance artistique bien sûr), et nous nous fîmes couler un bain chaud. Le repos des guerrières, entassées dans la petite baignoire, nous passions dans la douceur et le silence paisible. Le projecteur coloré illuminait la fumée de nos cigarettes que nous écrasions sur le bord de la baignoire. Nous voilà une fois encore déchirées par la vie, et marquées, intérieurement et sous la peau. Idiotes et intrépides. Derrière nous, une aurore terrifiante et bouleversante. Devant nous, un crépuscule magnifique.
           

                 Un jour, San, nous retournerons à L'Ile ensemble, et nous vivrons. Et naturellement, je l'espère, une telle folie nous reprendra. En attendant, je t'aime, et je t'envoie cette missive - ce post - afin de t'offrir, à toi et rien qu'a toi, le récit maladroit et un peu bâclé (car il est vrai que je suis encore exténuée  endolorie par la danse et la transe, je marche difficilement, haha) de cette expérience inédite. Jamais nous n'avions repoussé aussi loin nos limites, je suis fière de moi.


PS : les coupures c'est juste un peu con, c'est reparti pour les manches longues un été, et de plus, celles ci sont très visibles. Bravo. Vraiment.