L'archet est propice à la complainte. Les gens bien n'aiment pas quand ça grince. Moi je trouve que ça dit ce que ça veut dire. Grincer. Chouiner, crisser, il y a quelque chose d'aigu, de tendu, dans le frottement que je n'ai trouvé nul part ailleurs dans la musique. Mon doigté débutant n'arrange rien à l'atrocité que subissent les oreilles sensibles de ces lieux. Mon chat chéri, là, à côté de moi, est sourd - béni soit-il.
Le crin accroche les longs fils de métal, s'usent, et les longs fils de métal vibrent, doucement, usent le crin qui casse par endroits. Combien de coups avant que craque le dernier rescapé. Combien de râles délayés en milles ondes avant que la tension ne cède brusquement à rien (zéro), peut-être, imaginons, le claquement des cordes que plus rien ne sépare du bois dur et froid désormais. L'accord final, très probablement faux, surplombé d'un point d'orgue. Un a un donc, les crins cesseront de frotter et abdiqueront à jamais, valeureux guerriers tombant un à un au combat (ce n'est même pas le leur). Et ainsi je cesserai de hurler , je cesserai de larmoyer, de miauler, de couiner, et ainsi je devrais trouver
autre chose.
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